Une baisse qui fait parler
Le 15 janvier 2025, le couperet est tombé : la Banque de France a proposé de ramener le taux du Livret A à 2,4 %, validé par le ministère de l’Économie le lendemain. Pourquoi ce changement ? Simple : l’inflation ralentit, et les formules qui fixent ce taux – un mélange de hausse des prix et de taux interbancaires – suivent le mouvement. Fini les 3 % bien confortables qu’on avait depuis février 2023. « On sort des circonstances exceptionnelles, l’inflation recule », a lâché François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, pour justifier le coup de frein. Mais pour vous, ça se traduit par quoi ? Moins d’intérêts qui tombent chaque mois, tout bêtement. Si vous avez 10 000 euros posés là, ça passe de 25 euros à 20 euros par mois. Pas de quoi paniquer, mais ça chatouille quand même.
Votre pouvoir d’achat en prend-il un coup ?
C’est la grande question : est-ce que cette baisse grignote vraiment ce que vos économies peuvent acheter ? Bonne nouvelle, pas forcément. Avec une inflation qui s’est calmée à 1,3 % fin 2024 selon l’Insee, le rendement réel du Livret A – ce qu’il rapporte après avoir soustrait la hausse des prix – reste positif, autour de 1,1 %. « Tant que le taux dépasse l’inflation, vous ne perdez pas en pouvoir d’achat », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. Concrètement, vos 22 950 euros au plafond vous rapportent encore 550 euros par an, soit 46 euros par mois. Pas mal pour un placement sans risque, non ? Mais si l’inflation repart à la hausse sans que le taux suive, là, ça pourrait commencer à coincer.
Pourquoi le gouvernement laisse filer ?
Si le taux baisse, ce n’est pas juste une histoire de chiffres qui s’alignent. Derrière, il y a une vraie stratégie. Le Livret A, c’est le carburant du logement social et des projets publics via la Caisse des Dépôts. Un taux plus bas, ça allège les coûts des prêts pour les bailleurs, et ça booste un secteur du bâtiment qui tousse depuis un moment. En plus, Bercy aimerait bien que les Français dépensent un peu plus au lieu de tout garder sous le matelas. « On veut relancer la conso et la croissance », glisse un conseiller d’Éric Lombard, ministre de l’Économie. Sauf que les Français, eux, continuent d’épargner à fond : 582 milliards d’euros dormaient sur les Livret A et LDDS en novembre 2024, selon la Caisse des Dépôts. Preuve que la sécurité, ça reste une valeur refuge.
Et si ça continue à descendre ?
Attention, le 2,4 % pourrait ne pas être le plancher. Des rumeurs circulent sur une nouvelle baisse cet été, peut-être vers 2 % si l’inflation reste sage. Pour un ménage avec 15 000 euros sur son Livret A, ça ferait tomber les intérêts annuels de 360 euros à 300 euros. Pas dramatique, mais ça se sent sur la durée. « Si les taux directeurs de la BCE continuent de mollir, on n’est pas à l’abri d’un ajustement », prévient un analyste de Fitch Ratings. Du coup, certains commencent à se demander si laisser tout son argent là-dedans, c’est vraiment le meilleur plan. Surtout que le plafond bloque à 22 950 euros, et qu’une fois rempli, faut bien trouver autre chose.
Faut-il lâcher le Livret A pour autre chose ?
Avec ce taux qui rétrécit, des alternatives pointent le bout de leur nez. Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), à 3,5 % malgré sa propre baisse, reste une pépite pour les foyers modestes – mais faut être éligible, avec moins de 22 419 euros de revenus annuels pour une personne seule. Sinon, l’assurance-vie, avec ses fonds euros autour de 2,6 % en 2023, ou même un Plan Épargne Actions (PEA) pour les plus audacieux, peuvent tenter. « Diversifier, c’est la clé dans ce genre de contexte », conseille Sarah Zamoun, de Distingo Bank. Mais attention, hors Livret A, y a souvent des risques ou des impôts en plus. Le bon vieux livret garde un atout : zéro stress, zéro frais, et vous retirez quand vous voulez.
Alors, on fait quoi ?
Finalement, cette baisse, ce n’est pas la fin du monde. Le Livret A reste un pilier solide, surtout si vous cherchez la tranquillité. Mais elle rappelle qu’il rapporte moins qu’avant, et que laisser tout son argent dormir là-dedans sans réfléchir, c’est peut-être louper des opportunités. Si vous avez le max dessus, pourquoi pas regarder ailleurs pour une partie de vos économies ? Ou juste accepter que, pour l’instant, ça reste une tirelire pratique, même si elle gonfle moins vite. À vous de voir ce qui colle à vos projets – et à votre niveau de zen face aux chiffres !
Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
1 avril 2025
et mis à jour le
1 avril 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.