Crédits renouvelables : une solution pratique, mais coûteuse ?

Les crédits renouvelables ou microcrédits, ont le vent en poupe. Ils offrent une solution rapide et accessible pour faire face à des imprévus financiers, mais à quel prix ? Entre flexibilité et coût exorbitant, ces crédits ne font pas l’unanimité. Pourquoi leurs taux d’intérêt sont-ils si élevés ? Quels sont les risques cachés derrière cette apparente facilité d’accès ? On explore tout ça…

Une tirelire qui se fissure face aux intérêts du crédit (Crédit : Alex.I Grok)
Une tirelire qui se fissure face aux intérêts du crédit (Crédit : Alex.I Grok)

Des taux élevés pour un crédit rapide et accessible

Les petits crédits rapides, souvent proposés par des enseignes comme Cetelem, Cofidis ou Carrefour Banque via leur carte Pass, sont devenus des outils incontournables pour les personnes qui se retrouvent à court de liquidités en un temps record. Le principe est simple : en quelques clics ou après un entretien rapide, l’argent est débloqué, sans justificatif ou presque, et il suffit ensuite de rembourser chaque mois une mensualité. Cela peut paraître idéal lorsqu’on a besoin de fonds pour un achat urgent ou une dépense imprévue. Mais derrière cette facilité se cache une autre réalité : des taux d’intérêt qui flirtent parfois avec les 20 % et même plus.

Pourquoi de tels taux ? Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, la rapidité du processus. L’argent est souvent mis à disposition en 24 heures, et cela, sans poser trop de questions. Cette réactivité nécessite des frais opérationnels non négligeables pour les prêteurs, qui doivent pouvoir évaluer rapidement la solvabilité de l’emprunteur tout en prenant en charge les coûts liés au suivi et à l’administration du crédit. En clair, la rapidité a un prix.

Ensuite, le risque. Ces crédits sont souvent accessibles à des profils de consommateurs qui ne bénéficient pas forcément de l’accès au crédit bancaire dit classique : des personnes avec des revenus modestes ou parfois même des antécédents de surendettement. Les prêteurs, conscients de ce risque, n’hésitent pas à augmenter les taux pour se protéger en cas de non-remboursement.

Un crédit à court terme, mais un coût sur le long terme

Prenons l’exemple de la Carte Pass de Carrefour Banque qui propose un crédit renouvelable associé à une carte, ce qui permet de réaliser des achats fractionnés ou différés. Si vous avez besoin de 1 000 € pour une réparation urgente et que vous choisissez de rembourser sur 36 mois, vous vous retrouvez avec un TAEG de 21,03 % ( les taux révisables en vigueur au 01/01/2020 sont : jusqu’à 3 000 € : 21,03 % – de 3 000,01 € à 6 000 € : 11,74 % – à partir de 6 000,01 € : 5,70 % ). Au final, après trois ans de remboursements mensuels, le coût total des intérêts sera d’environ 350 €, soit un surcoût de 35% par rapport à l’emprunt initial ( voir : Calculer la mensualité d’un prêt et ses intérêts ).

Ce genre de crédit est donc une solution rapide, mais, comme souvent avec la facilité, il faut y regarder de plus près. Et si le montant emprunté semble faible, le coût global des intérêts peut s’avérer rédhibitoire si vous vous retrouvez à repayer plusieurs mois. Ce n’est pas rare, d’ailleurs, de voir des emprunteurs contracter plusieurs crédits renouvelables en parallèle, ce qui les plonge encore un peu plus dans une spirale d’endettement.

Le TAEG révisable : une vraie fausse bonne idée ?

Un autre aspect qui trouble avec ces crédits est la question du TAEG révisable. Contrairement aux prêts classiques à taux fixe, ces crédits peuvent voir leurs taux évoluer avec le temps, en fonction des choix du prêteur. Par exemple, avec le crédit renouvelable Accessio de Cofidis, le TAEG peut fluctuer entre 21 % et 23 %, selon la somme empruntée et la « vitesse » à laquelle vous choisissez de rembourser. En gros, plus vous choisissez de rembourser lentement, plus le taux augmente.

Le problème, c’est que ces taux révisables rendent le coût total du crédit difficile à prévoir pour l’emprunteur. La tentation de ne rembourser que le montant minimum mensuel, pour ne pas être trop impacté financièrement chaque mois, peut être forte. Pourtant, cela entraîne une hausse significative de la durée du crédit, et donc du coût global. Si vous ne maîtrisez pas bien ces aspects, le crédit rapide peut rapidement devenir un gouffre financier avec des intérêts conséquents.

Flexibilité et inclusion financière : des atouts à nuancer

En dépit de ces taux élevés, il est indéniable que ces crédits ont des avantages, surtout en termes de flexibilité. Vous pouvez adapter vos mensualités, ajuster les montants que vous empruntez selon vos besoins, et parfois même effectuer un remboursement anticipé sans frais. Cela permet à certains emprunteurs d’accéder à des montants qu’ils n’auraient pas pu obtenir avec un prêt classique, en raison de leur profil financier ou de leur situation bancaire.

De plus, ces crédits peuvent être un moyen pour certains d’entre nous de sortir d’une situation financière difficile. En permettant à des personnes exclues du système bancaire traditionnel de se financer rapidement, ces produits répondent à un besoin réel d’inclusion financière. C’est un peu comme une bouée de sauvetage pour ceux qui, autrement, n’auraient pas accès à d’autres formes de crédit.

Mais cette flexibilité cache aussi un piège : la facilité d’accès aux crédits renouvelables peut encourager un usage excessif. Les emprunteurs qui sont déjà en difficulté peuvent se retrouver à multiplier les prêts pour résoudre une situation d’endettement, ce qui, au final, peut les enfermer dans un cercle vicieux.

L’assurance des crédits renouvelables

Quand on souscrit un crédit renouvelable, il n’y a pas que les intérêts à prendre en compte. Beaucoup d’organismes proposent, voire poussent, une assurance emprunteur en complément. Cette assurance est censée couvrir l’emprunteur en cas d’imprévus comme une maladie, une perte d’emploi ou un accident, qui l’empêcherait de rembourser son crédit. Sur le papier, ça semble être une protection rassurante, mais en réalité, elle vient encore alourdir le coût total du prêt.

Les cotisations de cette assurance sont souvent calculées sur le capital restant dû, et même si elles paraissent faibles au départ, elles s’additionnent vite au fil des mois. Par exemple, pour un crédit renouvelable de 2 000 €, une assurance à 0,6 % par mois représente environ 12 € en plus sur chaque mensualité. Sur deux ou trois ans, ça peut représenter plusieurs centaines d’euros supplémentaires. Pire encore, certains emprunteurs ne réalisent pas qu’ils ont accepté cette assurance, car elle est parfois incluse par défaut dans les offres.

Si l’assurance emprunteur peut être utile dans certains cas, elle n’est pas obligatoire pour un crédit renouvelable, contrairement à ce qui est exigé pour un prêt immobilier. Il est donc essentiel de bien lire les conditions avant de signer et de vérifier si cette couverture est réellement nécessaire par rapport à sa situation financière et aux autres protections déjà en place (assurance chômage, prévoyance, etc.).

Les dangers du surendettement : un problème croissant

Le coût des petits crédits rapides et des assurances optionnelles n’est pas le seul problème. Ce type de crédit est également responsable d’une proportion importante des dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France. Les emprunteurs, en particulier ceux ayant un faible revenu, n’ont souvent pas conscience du coût global des crédits renouvelables. Et, une fois qu’ils ont contracté un premier prêt, il est parfois difficile de résister à la tentation d’en demander un autre pour rembourser le premier.

La reconstitution automatique de la réserve d’argent, c’est-à-dire la possibilité de puiser à nouveau dans le crédit une fois qu’une partie de la somme est remboursée, est l’un des aspects qui rend ce produit particulièrement risqué. Sans une gestion rigoureuse et une vigilance constante, les emprunteurs peuvent se retrouver à accumuler des dettes bien au-delà de leurs capacités à rembourser, augmentant ainsi le risque de surendettement.

Vers une régulation plus stricte ?

Face à ces problématiques, il est légitime de se demander si une régulation plus stricte ne serait pas nécessaire. Par exemple, réduire le taux d’usure ou imposer des durées minimales de remboursement pourrait limiter les dérives. Certaines associations de consommateurs demandent également plus de transparence concernant le TAEG révisable, afin que les emprunteurs comprennent mieux le coût de leur crédit à long terme. Ce genre de mesures permettrait de mieux protéger les emprunteurs, tout en maintenant l’accès à un crédit rapide et flexible pour ceux qui en ont réellement besoin.

Crédits renouvelables : des offres à utiliser avec précaution

Au final, les petits crédits rapides, bien qu’attrayants pour leur simplicité et leur rapidité, ne sont pas une solution idéale à long terme. Avec des taux souvent élevés et un risque de spirale d’endettement pour les emprunteurs peu vigilants, ces crédits doivent être utilisés avec parcimonie. Ils sont pratiques dans des situations vraiment urgentes et ponctuelles, mais il ne faut pas en faire une habitude.

Dans la mesure du possible, il est toujours préférable de se tourner vers des alternatives plus avantageuses. Un prêt classique, bien que plus long à obtenir, offre des taux bien plus compétitifs et une prévisibilité des remboursements. Si vous avez des besoins financiers temporaires, pourquoi ne pas aussi envisager une avance sur salaire ? Certains employeurs proposent cette option, voire un versement d’une avance sur le 13e mois, ce qui peut être une solution bien plus économique et sans les pièges des taux révisables.

Thierry Chabot

Auteur : Thierry Chabot
Article publié le 12 mars 2025 et mis à jour le 12 mars 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.

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