Adieu l’ARENH, mais qu’est-ce que ça change concrètement pour vous ?
Pendant plus de dix ans, on a vécu sous le régime de l’ARENH. Ce nom barbare cache en fait une sorte de prix d’ami : EDF était forcé de vendre son électricité nucléaire à prix cassé à ses concurrents. C’était le filet de sécurité qui empêchait les factures de s’envoler quand les marchés mondiaux devenaient fous. Seulement voilà, ce dispositif tire sa révérence le 31 décembre 2025. À partir de là, on entre dans un monde nouveau. Les fournisseurs vont devoir aller chercher leur courant sur les marchés de gros ou signer des contrats directs avec le producteur historique, mais à des conditions bien moins avantageuses. On parle d’un coût de production qui passerait de 42 euros à plus de 60 euros le mégawattheure. Forcément, quand la matière première coûte plus cher à ceux qui vous la vendent, le risque c’est que la note finale s’alourdisse pour le client que vous êtes.
Le dispositif de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) a été instauré par la loi n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation du marché de l’électricité (dite loi « NOME »). Ce dispositif permet aux fournisseurs alternatifs, depuis le 1er juillet 2011 et jusqu’au 31 décembre 2025, d’accéder à un prix régulé, à l’électricité produite par les centrales nucléaires historiques d’EDF situées sur le territoire national et mises en service avant le 8 décembre 2010.
Commission de Régulation de l’Énergie
Le bouclier s’efface, faut-il s’attendre à un choc brutal ?
On l’a presque oublié, mais l’État a massivement mis la main à la poche ces dernières années pour limiter la casse. Ce fameux bouclier tarifaire disparaît progressivement, et 2026 marquera une étape clé de ce désengagement. En parallèle, une nouvelle taxe baptisée « Versement Nucléaire Universel » doit voir le jour. L’idée de base est plutôt séduisante : si EDF gagne trop d’argent grâce à ses centrales, il doit en rendre une partie pour faire baisser votre facture. Le problème, c’est que les experts de la Commission de régulation de l’énergie sont plutôt sceptiques. Pour que ce mécanisme se déclenche et vous profite vraiment, il faudrait que les prix sur les marchés grimpent très haut. S’ils stagnent à leur niveau actuel, ce dispositif de protection restera une coquille vide. On se retrouve donc un peu dans le flou, entre une hausse mécanique des coûts et une protection qui risque de ne pas servir.
Pourquoi les travaux d’isolation des autres vont peser sur votre poche ?
Il n’y a pas que le prix pur de l’électron qui compte. Une part invisible de votre facture sert à financer la transition écologique via les Certificats d’Économies d’Énergie, les fameux CEE. C’est ce système qui permet de financer les primes pour l’isolation ou les pompes à chaleur. Le hic, c’est que le gouvernement a décidé de passer la vitesse supérieure en 2026 en augmentant les obligations des fournisseurs de près de 30 %. Devinez qui va finir par payer la note ? Les entreprises d’énergie ne vont pas absorber ce coût par pur altruisme. Elles vont le répercuter sur le prix du kilowattheure. Pour un foyer moyen, on parle déjà d’une cinquantaine d’euros supplémentaires par an rien que pour ce poste. C’est l’un des petits ajouts qui, mis bout à bout avec l’inflation et les taxes réseaux, pourraient bien faire déborder le vase.
Le grand écart des prévisions : qui croire entre l’État et les associations ?
C’est là que le bât blesse : personne n’est d’accord sur la suite. D’un côté, l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme et évoque une hausse qui pourrait atteindre les 20 % pour certains ménages. C’est une prévision qui fait froid dans le dos quand on sait à quel point le budget énergie pèse déjà lourd. De l’autre côté, le gouvernement et le régulateur se veulent beaucoup plus sereins. Leur argument est simple : les prix de gros en Europe sont actuellement assez bas, ce qui devrait compenser la hausse du coût du nucléaire. Selon eux, la stabilité serait même à portée de main pour les 20 millions de Français qui sont encore au tarif réglementé. Alors, qui a raison ? La vérité se situera probablement entre les deux, mais une chose est sûre : la tranquillité tarifaire des années passées semble bel et bien derrière nous.
Comment naviguer dans ce brouillard énergétique sans se ruiner ?
Face à toutes ces incertitudes, rester passif n’est pas forcément la meilleure stratégie. Si le tarif réglementé d’EDF reste une valeur refuge pour beaucoup, la fin de l’ARENH va rebattre les cartes de la concurrence. Certains fournisseurs alternatifs pourraient proposer des offres plus agressives basées sur les prix bas du marché actuel, tandis que d’autres auront du mal à suivre. C’est le moment ou jamais de reprendre le contrôle sur sa consommation. Que ce soit en décalant ses usages sur les heures creuses ou en surveillant de près les évolutions des contrats, l’anticipation sera votre meilleure alliée. 2026 ne sera peut-être pas l’apocalypse annoncée, mais c’est une année charnière qui demande de s’intéresser d’un peu plus près à ce qui se trame derrière votre compteur Linky. Pour terminer, il ne faut pas non plus ublier que depuis le 1er novembre 2025, les horaires des heures creuses évoluent, marquant une transition progressive qui s’étendra jusqu’en 2027 à travers la France. e changement, loin d’être anodin, pourrait transformer la manière dont vous gérez votre consommation électrique, que ce soit pour votre chauffe-eau, votre véhicule électrique ou vos appareils du quotidien. Bref, il va falloir faire de plus en plus attention à notre consommation en 2026 !
Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
22 décembre 2025
et mis à jour le
22 décembre 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.