BlackSheep : le « Free Mobile » de l’optique qui veut vous faire économiser des centaines d’euros

Imaginez payer votre paire de lunettes, monture et verres compris, moins cher qu’un menu du midi. C’est la promesse de BlackSheep, un nouvel acteur qui secoue de plein fouet le marché de l’optique en France. Avec des prix de départ défiant toute concurrence, la paire complète peut tomber à 7,50 €, ce nouveau venu, fraîchement installé à Paris, est déjà comparé à un certain Free Mobile qui, en 2012, avait dynamité les forfaits téléphoniques. Pourquoi cette comparaison ? Et surtout, en tant que consommateur, qu’est-ce que ce « Shein des lunettes » peut changer concrètement dans votre poche et dans la manière dont vous êtes remboursé par votre mutuelle et la Sécurité sociale ? On décortique cette petite révolution, de l’empêcheur de tourner en rond des opticiens.

Deux montures BlackSheep à prix réduits (Crédit : capture BlackSheep)
Deux montures BlackSheep à prix réduits (Crédit : capture BlackSheep)

Ce qu'il faut retenir :

  • Le « Shein des lunettes » est arrivé : BlackSheep propose des montures à partir de 2,50 € et des paires complètes dès 7,50 €, défiant frontalement les prix moyens du marché français (400 € et plus).
  • L’effet Free Mobile se confirme : Cet acteur low-cost joue le rôle de disrupteur en coupant les intermédiaires et en obligeant l’ensemble du secteur de l’optique à revoir ses marges et ses tarifs.
  • Impact direct sur votre budget : Grâce à ces prix ultra-bas, de nombreux modèles deviennent éligibles au remboursement intégral (reste à charge zéro) via votre mutuelle, même sans passer par le panier A officiel.
  • Pression positive sur les mutuelles : L’effondrement des prix pourrait, à terme, permettre aux organismes de mutuelle d’augmenter les forfaits annuels ou de réduire le délai de renouvellement de vos équipements.

BlackSheep : l’empêcheur de tourner en rond des opticiens

C’est le nom à retenir : BlackSheep. Ce nouveau marchand de lunettes a choisi de s’attaquer au prix fort dans un secteur où la facture s’envole souvent entre 400 et 800 € pour une paire standard. Leur stratégie ? Couper tous les intermédiaires, de la fabrication à la vente. La plateforme a été lancée en ligne en juin 2025, mais ce qui a vraiment fait parler d’elle, c’est l’ouverture de sa toute première boutique physique le 3 décembre dernier. Elle est idéalement placée rue de Rivoli, juste à côté du BHV Marais, dans le 1er arrondissement de Paris.

Ce showroom est un peu particulier : on peut y essayer les modèles, faire vérifier sa vue gratuitement (c’est pratique !), mais l’achat final se fait en ligne, avec livraison directement chez vous. C’est ce modèle, simple et direct, qui leur permet d’afficher des prix absolument inédits : des montures dès 2,50 € et des verres à partir de 5 €. On parle donc d’une paire complète pour un tarif allant de 7,50 € à 85 €. Le secret de ces prix ultra-compétitifs ? Une fabrication assumée en Chine, pour viser le volume et écraser les marges des grands groupes historiques comme EssilorLuxottica. Ça dérange, et c’est fait pour. Si vous pensiez à un autre acteur low-cost, comme Lunettes pour Tous, sachez que celui-ci pousse le curseur du prix encore plus loin.

Un parallèle avec Free Mobile et son forfait à 2 € en 2012 ?

Si l’on entend partout parler du « Free Mobile de l’optique », ce n’est pas un hasard. En 2012, l’arrivée du forfait à 2 € de Free avait fait l’effet d’une bombe sur le marché de la téléphonie mobile en France. Rappelez-vous, Orange, SFR et Bouygues Télécom affichaient des prix qui semblaient ne jamais devoir/vouloir baisser. Free Mobile, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, avait tout balayé. Il avait forcé les opérateurs historiques à diviser leurs tarifs par plus de deux, parfois même par trois, et les forfaits illimités ont vu leur prix chuter de plus de 70 % en moyenne.

La méthode est la même : supprimer tout ce qui ne sert à rien. BlackSheep reprend cette recette à la lettre. Leur fondateur, Pierre Wizman (qui a déjà fait ses preuves avec Polette), ne s’en cache pas : il assume la production « made in China » et mise sur la transparence (on peut même voir un live des usines !). En attaquant frontalement un marché français où le prix moyen d’une paire tourne autour des 400 €, l’objectif est clair : comme Free, ils veulent démocratiser l’accès à un produit de première nécessité, en ciblant notamment les budgets serrés. C’est la force des acteurs dits « disrupteurs » : ils s’imposent comme l’« empêcheur de tourner en rond des opticiens » et obligent l’ensemble de la profession à se remettre en question.

BlackSheep propose des montures et verres à prix cassés

Concrètement, l’acteur joue exactement le même rôle de trouble-fête dans l’optique que Free l’a joué dans les télécoms. Avec ses montures à 2,50 € et ses verres à 5 € (pour une paire complète entre 7 € et 85 €), il est en train de bousculer le confort des opticiens traditionnels. Ceux-ci n’ont pas tardé à réagir, criant au scandale sur la qualité et la durabilité de ces produits. Pourtant, dans le même temps, on observe que ces mêmes chaînes (Krys, Afflelou…) commencent à revoir discrètement leurs propres prix à la baisse pour tenter de juguler l’effet.

L’enjeu est de taille, car l’entreprise de Wizman est déjà qualifiée de « Shein de la lunette » ou de « révolution low-cost » après l’ouverture de son showroom rue de Rivoli en décembre dernier. En se passant des marges colossales des grands groupes, elle rend un service de santé (une correction visuelle) accessible pour une fraction du prix habituel. Ce modèle économique, misant sur le volume plutôt que sur la marge unitaire, est la clé de voûte de cette stratégie, qui cherche à conquérir un public lassé des prix jugés excessifs.

Avec plus de 20 ans d’expérience dans la fabrication de verres et de montures, notre équipe a décidé de réinventer le marché. Imaginez pouvoir acheter vos lunettes directement auprès des fabricants, sans intermédiaires, sans frais cachés. Cela signifie que tout le monde peut s’offrir du matériel optique à des prix incroyables, reflétant le coût réel de l’industrie :
Montures en matériaux écologiques à partir de 2,95 $
Verres unifocaux de dernière génération : 5,95 $
Verres progressifs Freeform : 29 $
En éliminant les marges excessives, les investisseurs avides et les budgets marketing exorbitants, notre mission est de rendre les lunettes de qualité accessibles à tous, sans compromis sur la qualité.
Blacksheep.io

Un côté positif sur les remboursements de la Sécu et des mutuelles

Et c’est là que ça devient intéressant pour vous, le consommateur qui gérez votre budget au quotidien. L’arrivée d’un tel acteur pourrait avoir un impact très positif sur vos remboursements en optique, même si ce n’est pas direct.

Pour le comprendre, rappelons rapidement le système actuel : en France, la Sécurité sociale rembourse une part infime des lunettes (pour ne pas dire peanuts). Le gros du soutien vient des mutuelles, notamment via la réforme « 100 % Santé » mise en place depuis 2020. Cette réforme oblige les opticiens à proposer un « panier A » : une sélection de lunettes complètes (monture de moins de 30 € et verres basiques) qui est remboursée intégralement (zéro reste à charge pour vous). Ce dispositif couvre aujourd’hui environ 70 % des achats, mais les prix hors ce panier restent très élevés, ce qui pousse encore beaucoup de Français à renoncer aux soins. L’impact potentiel de BlackSheep est double :

1. Des prix sous le seuil du 100 % Santé

Avec des paires complètes débutant à 7,50 €, ces lunettes sont largement éligibles au remboursement intégral pour les clients qui disposent d’une bonne mutuelle. Si celle-ci est un contrat dit « responsable » (ce qui est le cas de la grande majorité), vous pourriez tout simplement payer 0 € de votre poche pour ces modèles basiques. C’est un vrai coup de pouce, notamment pour les familles avec des enfants qui ont besoin d’un renouvellement fréquent, ou pour les adultes ayant une vue stable. Cela démocratise l’accès : on peut se soigner sans avoir à attendre le délai légal de deux ans pour être (bien) remboursé.

2. Une pression pour des remboursements plus efficaces

L’effet Free Mobile se reproduit : BlackSheep force le marché à revoir ses coûts. Si les consommateurs se tournent massivement vers ces solutions ultra-compétitives, les mutuelles dépenseront mécaniquement moins d’argent par paire de lunettes (elles couvrent actuellement entre 200 et 400 € en moyenne par équipement). Cette économie pourrait libérer des fonds considérables.

Que pourraient en faire les mutuelles ?

Augmenter les forfaits annuels : Elles pourraient rehausser les plafonds optiques, qui tournent actuellement autour de 150-300 € selon les contrats.

Réduire les délais de renouvellement : Le délai de deux ans pour les adultes pourrait être réduit à un an, une vraie avancée pour le confort visuel.

Influencer la réforme : L’État discute déjà de simplifier la gestion optique (le PLFSS 2025 en fait état), notamment en déléguant plus de contrôle aux mutuelles. Un marché où les prix s’effondrent facilite ces réformes en coupant les coûts administratifs.

En rendant le « panier A » non plus « au rabais » mais juste le prix juste, BlackSheep accélère ce mouvement. De plus, ils prévoient déjà des partenariats avec des assureurs pour fluidifier les remboursements directs (tiers-payant étendu). Si cela se met en place d’ici fin 2025, cela simplifiera les démarches pour tous et pourrait réduire le nombre de Français qui renoncent aux soins pour des raisons financières, un cercle vertueux pour notre Sécurité sociale.

BlackSheep, le nouveau vent qui souffle sur l’optique ?

C’est certain, BlackSheep va rebattre les cartes. Le secteur de l’optique est déjà fragile (on a compté 116 fermetures de boutiques en 2024) et il est désormais mis au défi. Les chaînes historiques devront innover, ou bien s’aligner sur la réalité des coûts de production. Car, ne l’oublions pas, 90 % des lunettes dans le monde sont déjà fabriquées en Chine. L’arrivée de cet acteur transparent pourrait bien diviser par cinq, voire par dix, les tarifs moyens d’ici les deux ou trois prochaines années.

Attention, il faut quand même rester prudent. Pour l’instant, les lunettes BlackSheep ne sont pas encore officiellement dans le « panier A », qui exige des normes de qualité et de traçabilité très strictes. Des questions sur la durabilité ou la précision du centrage optique pourraient se poser, et la Sécu pourrait limiter les remboursements en cas de problèmes récurrents. Mais dans l’ensemble, l’effet est positif : c’est moins de dépenses publiques pour des surcoûts injustifiés, et c’est surtout un accès aux soins rendu plus facile pour tout le monde. Il est tout à fait réaliste d’imaginer des forfaits de remboursement Sécu et mutuelle boostés de 20 à 30 % d’ici 2027 si ce modèle économique prend son envol. C’est une excellente nouvelle pour vos finances personnelles !

Thierry Chabot

Auteur : Thierry Chabot
Article publié le 5 décembre 2025 et mis à jour le 5 décembre 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.

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