Plafond réduit, intérêts taxés : Le Livret A est-il vraiment menacé ?

Imaginez un instant : votre Livret A, ce placement chéri par tous les Français, sur lequel vous mettez vos économies en toute confiance, pourrait voir son plafond baisser et ses intérêts taxés. L’idée fait froid dans le dos, n’est-ce pas ? Pourtant, l’hypothèse n’est pas sortie de nulle part. Elle a été posée très sérieusement sur la table par d’éminents spécialistes des finances publiques. Alors, qu’est-ce qui a bien pu se passer ? D’où vient cette proposition explosive et pourquoi le gouvernement a-t-il dû monter au créneau si rapidement pour vous rassurer ? On fait le point pour que vous sachiez exactement ce qui était en jeu pour votre tirelire préférée.

Une tirelire et des euros aux couleurs de Noël (Crédit : Alex.I)
Une tirelire et des euros aux couleurs de Noël (Crédit : Alex.I)

Ce qu'il faut retenir :

  • Proposition rejetée : La menace de réduire le plafond du Livret A ou de taxer ses intérêts venait d’une recommandation de la Cour des comptes, non d’une décision gouvernementale. Le ministre a dit non fermement.
  • Plafond inchangé : Votre Livret A conserve son plafond de versement à 22 950 € et reste totalement exonéré d’impôts et de prélèvements sociaux.
  • Taux en baisse : Si le Livret A est sauf, son taux est très probablement destiné à baisser l’an prochain avec le ralentissement de l’inflation. L’heure est à la diversification.
  • La bonne stratégie : Utilisez vos livrets pour l’épargne de précaution. Au-delà, privilégiez des placements plus performants à long terme comme l’Assurance-Vie ou le PEA pour faire vraiment fructifier votre capital.

D’où est venue l’idée de plafonner et taxer une partie du Livret A ?

Pour comprendre l’origine de cette secousse, il faut regarder du côté de la Cour des comptes. Ce n’est pas le gouvernement qui a allumé la mèche, mais le Conseil des prélèvements obligatoires, une instance qui y est rattachée. Ces experts s’inquiètent beaucoup de la manière dont l’argent dort en France. À leurs yeux, ce célèbre produit d’épargne, qui est détenu par l’immense majorité des ménages, est trop généreux. Il permet d’accumuler de très grosses sommes, jusqu’à 22 950 €, sans payer un seul centime d’impôt sur les intérêts. La recommandation, détaillée dans un rapport sur la fiscalité du patrimoine, proposait de revoir la copie. Pour eux, le Livret A devrait être réservé à l’épargne de « précaution », celle qui sert à payer une grosse facture imprévue ou à remplacer la machine à laver qui vous lâche. Conserver plus de 19 000 € sur ce compte, cela devient, selon eux, de l’épargne « patrimoniale », et c’est là que le bât blesse.

Leur calcul était simple : en ramenant le plafond à environ 19 125 €, une somme jugée suffisante pour la fameuse « précaution », et en rendant imposable tout ce qui dépasserait ce montant, on ferait d’une pierre deux coups. Premièrement, cela rapporterait quelques centaines de millions d’euros à l’État, ce qui n’est jamais négligeable. Deuxièmement, et c’est le point clé pour eux, cela enverrait un signal clair aux Français : si vous avez beaucoup d’argent de côté, vous devriez le placer ailleurs, le faire travailler davantage, plutôt que de le laisser s’empoussiérer dans un compte sans fiscalité. L’objectif avoué était de flécher cette épargne vers des placements un peu plus risqués qui, eux, financent directement l’économie, les PME et les grandes entreprises. C’était donc une tentative d’utiliser la fiscalité pour donner un coup de pouce à l’investissement productif.

Quels étaient les montants et les mécanismes exacts proposés ?

Rentrons dans le détail de ce qui était réellement sur la table. Aujourd’hui, on le sait, on peut déposer jusqu’à 22 950 € sur son Livret A. Tous les intérêts générés, même une fois le plafond de versement atteint, sont totalement exonérés d’impôts sur le revenu et de prélèvements sociaux. C’est cette niche fiscale qui a été visée. La proposition aurait donc établi un nouveau seuil de versement à 19 125 €. Si vous aviez déjà plus que ce montant sur votre compte, vous auriez pu le conserver, pas de panique, mais la nouveauté aurait été dans la taxation des futurs intérêts.

Pour les montants allant de 19 125 € jusqu’au plafond actuel de 22 950 €, les intérêts générés chaque année n’auraient plus été nets d’impôts. Ils auraient été soumis à la fameuse flat tax de 30 %, ou, selon le choix du contribuable, intégrés à son impôt sur le revenu classique. C’est une différence de taille. Pour un épargnant aisé, cela aurait signifié voir ses gains amputés d’un tiers. L’idée, encore une fois, n’était pas de punir l’épargne, mais de la rendre moins attractive que d’autres produits plus utiles pour l’économie dès lors qu’elle dépasse un certain niveau. On essayait de rendre la fiscalité cohérente : sécurité maximale pour la petite épargne, contribution fiscale pour la grande.

Pourquoi le gouvernement a-t-il refusé net de toucher à ce placement populaire ?

La réaction des responsables politiques a été immédiate et catégorique. Le ministre de l’Économie est monté au créneau sans la moindre ambiguïté, assurant qu’il n’était « absolument pas question de toucher au fonctionnement du Livret A ». Pourquoi un tel empressement à rejeter une piste qui aurait pu rapporter de l’argent à l’État ? La réponse est d’abord politique et sociale. Ce placement est, dans l’imaginaire collectif, intouchable. Il incarne la simplicité, la sécurité absolue et l’égalité face à l’épargne. Le toucher, même indirectement en ne taxant que les gros comptes, serait perçu comme une attaque contre le pouvoir d’achat et contre la confiance des ménages. Une telle mesure aurait créé une vague d’inquiétude, si ce n’est de colère, bien plus coûteuse politiquement que ce qu’elle aurait pu rapporter financièrement.

Il y a aussi une raison purement économique liée au logement social. On oublie souvent que l’argent collecté sur ce compte n’est pas destiné à enrichir les banques. Une grande partie est centralisée par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Cet argent sert, entre autres, à financer le logement social en France, les fameux HLM, et les projets d’infrastructures des collectivités locales. Si les Français perdaient confiance dans ce placement et retiraient massivement leurs fonds pour les placer ailleurs, c’est tout le système de financement du logement social qui serait déstabilisé. Le gouvernement avait donc bien plus à perdre en touchant à ce produit qu’il n’aurait pu gagner avec une nouvelle taxe. L’intégrité du mécanisme est essentielle, et il fallait à tout prix préserver la confiance des épargnants.

Quels sont les autres produits d’épargne qui restent intéressants ?

Maintenant que nous savons que notre produit d’épargne favori est sauf, du moins pour l’instant, il est logique de se demander où placer son argent quand on a atteint son plafond de 22 950 €. C’est une excellente question, car l’objectif de cette proposition avortée, à savoir encourager l’investissement, est tout à fait pertinent pour vos propres finances. Il existe heureusement des alternatives bien plus performantes pour les sommes qui dépassent l’épargne de précaution.

Le premier réflexe pour qui cherche un peu de sécurité et de disponibilité doit aller vers le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS). Il fonctionne exactement comme son grand frère, il est défiscalisé, et il est plafonné à 12 000 €. C’est une excellente rallonge pour votre épargne de sécurité. Une fois ces deux livrets pleins, il faut oser regarder plus loin. L’Assurance-Vie est le produit le plus polyvalent. Elle offre un fonds en euros sécurisé (bien que souvent moins rémunérateur que le Livret A), ainsi que des Unités de Compte qui permettent d’investir sur les marchés financiers. Son avantage ? La fiscalité devient très douce après huit ans de détention. Pour ceux qui ont déjà une épargne de précaution solide, le Plan d’Épargne en Actions (PEA) est imbattable. Il permet d’acheter des actions européennes et, après cinq ans, les plus-values sont totalement exonérées d’impôt. C’est la solution idéale pour faire travailler sérieusement ses capitaux sur le long terme.

Ce qui doit changer dans la gestion de vos finances personnelles

Cette discussion, même si elle a abouti à un statu quo, doit servir de petite piqûre de rappel pour tout le monde. La sécurité et la simplicité du Livret A sont un trésor, mais il ne faut pas se voiler la face : c’est une sécurité qui a un coût en termes de performance. Une fois que vous avez mis de côté l’équivalent de quelques mois de salaire sur vos livrets réglementés pour parer aux coups durs, le reste de votre argent devrait absolument être investi. Laisser dormir de grosses sommes au taux de base, même si celui-ci est décent, c’est perdre du pouvoir d’achat à cause de l’inflation.

L’alerte lancée par le CPO, bien que rejetée, est une invitation à diversifier. N’ayez pas peur des placements un peu plus sophistiqués comme l’Assurance-Vie ou le PEA. Ils sont faits pour le long terme et permettent à votre capital de grandir. Prenez le temps de vous renseigner sur les Unités de Compte ou les fonds indiciels (ETF). Même un petit effort de diversification, avec un peu de risque maîtrisé, peut faire une énorme différence sur dix ou vingt ans. En fin de compte, la meilleure façon de protéger votre épargne n’est pas de la laisser dans le produit le plus sûr, mais de la répartir intelligemment pour qu’elle se développe et vous assure un avenir financier serein.

Et maintenant ? Le Livret A face à un futur taux moins avantageux

S’il est clair que le gouvernement a protégé le Livret A de toute tentative de taxation ou de plafonnement, il ne faut pas oublier que son taux, lui, n’est pas éternel. Pour beaucoup d’épargnants, ce produit a été un véritable refuge ces dernières années, son taux ayant augmenté grâce à l’inflation et aux hausses décidées par l’État. Mais, attention, cette période dorée touche probablement à sa fin. Le taux du Livret A est calculé à partir d’une formule qui prend en compte l’inflation et les taux interbancaires. Or, l’inflation ralentit progressivement. Si cette décélération se confirme dans les mois à venir, il est fort probable que le taux de ce placement populaire soit mécaniquement revu à la baisse dès le début de l’année prochaine. Cela signifie que l’argent que vous y laissez rapportera inévitablement moins.

Le Livret A est en chute libre ! Après être passé de 3 % à 1,7 % en un an, ce placement d’épargne chéri des Français va, sauf miracle, encore connaître une baisse significative dès février 2026. La machine du calcul réglementaire, basée sur l’inflation et les taux interbancaires, est désormais orientée à la baisse, divisant quasiment par deux le rendement en à peine un an.
Emprunts.org

Face à ce ralentissement anticipé, il devient d’autant plus urgent de regarder les options d’investissement à long terme, comme celles évoquées plus haut, pour que votre épargne continue de progresser efficacement, même quand le taux de base de votre livret favori commencera à faiblir. Pour savoir exactement à quoi vous attendre concernant ce futur taux et l’impact sur vos finances, vous trouverez tous les détails sur notre article : « Le Livret A dégringole : à quoi s’attendre pour votre épargne en 2026 ? ».

Maxence Chabot

Auteur : Maxence Chabot
Article publié le 3 décembre 2025 et mis à jour le 3 décembre 2025
Mon parcours est le fruit d’une passion de longue date pour le digital, qui m’ont progressivement guidé vers ce domaine en constante évolution.

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