Des Français qui tournent le dos au Livret A
D’habitude, le Livret A, c’est un peu comme le vieux pull qu’on ressort chaque hiver : fiable, confortable, sans surprise. Mais là, au mois de mars, il a pris la poussière. Les chiffres publiés le 23 avril par la Caisse des Dépôts et Consignations sont sans appel : seulement 400 millions d’euros de collecte nette, c’est-à-dire la différence entre ce que les gens ont déposé et ce qu’ils ont retiré. Pour vous donner une idée, c’est presque dix fois moins qu’en mars 2023, où on frôlait les 4 milliards ! On n’avait pas vu un mois de mars aussi maigre depuis 2016, et ce n’est pas juste un petit passage à vide, c’est un signal que quelque chose a changé dans la tête des épargnants.
Un taux qui ne fait plus rêver
Il faut dire que le Livret A, avec son taux à 2,4 % depuis le mois de février, ne donne plus des étoiles dans les yeux. Avant, à 3 %, il avait de quoi séduire, surtout quand l’inflation grignotait le pouvoir d’achat. Mais là, avec une inflation qui ralentit – autour de 1,8 % selon les prévisions de la Banque de France – ce rendement, c’est un peu comme un café tiède : ça passe, mais on préférerait mieux. Et puis, quand on sait que ce taux pourrait encore baisser à 1,7 % en août, comme le murmurent certains sur les réseaux sociaux, on comprend pourquoi les gens hésitent à y mettre leurs sous.
La concurrence qui fait de l’ombre
Mais le Livret A n’est pas juste victime de son taux. Non, il se fait aussi voler la vedette par d’autres placements qui ont le vent en poupe. L’assurance-vie, par exemple, cartonne. En janvier 2025, ses fonds en euros ont vu leurs dépôts grimper de 28 %, selon les chiffres d’Économie Matin. Pourquoi ? Parce qu’elle offre des rendements souvent plus jolis, autour de 3 à 4 % pour les meilleurs contrats, et une certaine souplesse.
Et puis, il y a les nouveaux venus, comme les livrets d’épargne climat ou les fonds ISR (Investissement Socialement Responsable), qui séduisent ceux qui veulent donner du sens à leur argent. « Les gens veulent que leur épargne serve à quelque chose, pas juste qu’elle dorme », glisse un banquier lyonnais. Même le Livret d’Épargne Populaire (LEP), réservé aux plus modestes, perd du terrain, avec une collecte rikiki de 110 millions en janvier.
L’or, l’éternel refuge qui brille de mille feux
Pendant que le Livret A fait grise mine, l’or, lui, joue les stars sur la scène financière. Ce mois-ci, son prix a frôlé les 3 500 dollars l’once, un record historique, porté par les incertitudes économiques et les tensions géopolitiques, notamment autour des tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Avec une inflation qui fait des vagues et un dollar qui vacille, les investisseurs, des particuliers aux banques centrales, se ruent sur ce métal précieux, le voyant comme un bouclier contre les tempêtes. En France, les ventes de lingots et de pièces d’or bondissent, d’après les bijoutiers, signe que même les petits épargnants veulent leur part du gâteau doré.
Un changement dans les habitudes
Pour en revenir au Livret, ce qui frappe, c’est que les Français semblent avoir pris un virage. Pendant des années, le Livret A, c’était le réflexe, le matelas de sécurité pour 83 % des gens. Mais aujourd’hui, on dirait qu’ils se posent plus de questions. Avec un rendement réel à peine positif (2,4 % moins 1,8 % d’inflation, ça fait du 0,6 %), le Livret A ne protège plus aussi bien qu’avant. Du coup, certains se tournent vers des placements un peu plus risqués, comme les ETF ou les actions, histoire de booster leur épargne.
Le Livret A, toujours un pilier ?
Bon, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Le Livret A, même s’il traverse une mauvaise passe, reste une valeur sûre pour beaucoup. Il est 100 % sécurisé, sans impôt, et l’argent est disponible à tout moment. Pour ceux qui veulent un coussin de sécurité – disons trois à six mois de dépenses –, c’est encore l’idéal. Les Français ne l’abandonnent pas complètement, mais ils le cantonnent à un rôle d’épargne de précaution, pas plus.
Et demain, ça donne quoi ?
Alors, est-ce que le Livret A va continuer à manger la poussière ? Possible. Si son taux chute encore cet été, comme le prédisent certains, il risque de perdre encore plus de fans. « À 1,7 %, il faudra 42 ans pour doubler son capital, ce n’est pas franchement motivant », ironise un utilisateur de X. Mais tout n’est pas noir. La Caisse des Dépôts, qui gère une bonne partie des fonds, continue d’utiliser cet argent pour financer des trucs utiles, comme le logement social. Et puis, dans un monde où l’économie peut tanguer, la sécurité du Livret A pourrait encore rassurer pas mal de monde. Reste à savoir si les Français vont continuer à diversifier leurs placements ou revenir vers leur vieux copain quand les temps seront plus durs.
Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
24 avril 2025
et mis à jour le
24 avril 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.