La mauvaise nouvelle se confirme : pourquoi le taux du Livret A s’approche de 1,5 %
C’est une trajectoire descendante, mais parfaitement logique, qui se dessine pour notre Livret A. Si les plus de 56 millions de détenteurs ont profité d’un taux revu à la hausse pendant la crise inflationniste, la donne a complètement changé. Vous le savez, la rémunération de cette épargne réglementée, qui est d’ailleurs défiscalisée, est revue deux fois par an. Et, pour la révision du 1er février 2026, le scénario d’une nouvelle baisse est plus que probable.
Tout se joue dans le cœur de la formule légale : une simple moyenne entre, d’une part, l’inflation hors tabac sur les douze derniers mois et, d’autre part, le taux interbancaire de la zone euro, l’€STR. Or, les deux indicateurs penchent clairement du même côté, celui de la modération. L’inflation en France s’est nettement essoufflée en 2025, tournant autour de 1 % depuis la fin de l’été. En parallèle, les taux directeurs de la Banque centrale européenne ont été réduits, faisant mécaniquement glisser l’€STR autour de 1,9 % sur la période de référence (juillet-décembre 2025).
Quand on fait la moyenne de ces chiffres, c’est-à-dire environ 1,03 % pour l’inflation et 1,9 % pour le taux interbancaire, on arrive à un résultat théorique de 1,465 %. La règle veut qu’on l’arrondisse au dixième de point le plus proche. Le verdict est sans appel : 1,5 %. Sauf surprise majeure sur l’inflation d’ici à la fin de l’année ou intervention politique, ce sera donc le taux en vigueur du 1er février au 31 juillet 2026.
Quel est l’impact direct sur votre portefeuille ?
Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire pour votre argent ? C’est simple : moins de gains ! Quand un taux baisse, même de 0,2 point seulement (passer de 1,7 % à 1,5 %), cela se ressent sur le rendement annuel, surtout pour ceux qui ont atteint le plafond. Si vous avez le maximum sur votre Livret A, soit 22 950 €, vous perdez en théorie 45 € de gains par an, passant de 389,15 € d’intérêts à environ 344,25 €.
On pourrait se dire que 3,75 € de moins par mois, ce n’est pas la mer à boire. Mais n’oublions pas que ce compte d’épargne est, par définition, une épargne sécurisée et immédiatement disponible. Et si la rémunération continue de chuter à ce rythme, nous pourrions très vite nous retrouver avec un rendement « réel » (le taux moins l’inflation) proche de zéro, voire négatif. En clair, votre argent stagne, voire perd un peu de sa valeur. On est loin des 3 % qui nous ont fait sourire une bonne partie de l’année passée ! L’époque de la « rente » Livret A est clairement révolue pour l’instant.
À quoi s’attendre pour les autres livrets d’épargne ?
Évidemment, ce mouvement ne concerne pas que notre Livret A. Il a des répercussions immédiates sur le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) dont le taux est toujours aligné sur lui. Lui aussi va passer de 1,7 % à 1,5 % sans surprise.
Mais le vrai point d’attention concerne le Livret d’Épargne Populaire (LEP). Ce placement réservé aux ménages modestes (il faut que vos revenus nets 2024 soient sous le seuil de 17 675 € pour un célibataire ou 22 419 € pour un couple, par exemple) suit une formule similaire, mais se voit accorder un « coup de pouce » majoré d’un point. Son taux actuel est de 2,7 % (un niveau déjà revu à la baisse cet été avec un geste de l’État pour limiter la chute). Si la baisse du Livret A se confirme, le LEP pourrait chuter autour de 2,5 %. Même avec cette réduction, il reste l’alternative la plus performante pour ceux qui y sont éligibles, avec un rendement nettement supérieur et un plafond (10 000 €) qui permet déjà de placer une jolie somme. Mon conseil est simple : si vous remplissez les conditions, ouvrez-en un tout de suite !
Quelles sont les solutions pour donner un coup de pouce à votre épargne ?
Avec un taux à 1,5 % et une inflation qui stagne autour de 1 %, le Livret A reste un placement sans risque, très liquide, et surtout défiscalisé. Il garde son rôle essentiel : celui de votre fonds de précaution. Il est parfait pour garder l’équivalent de trois à six mois de dépenses, pour pallier un imprévu ou un coup dur. Pour ça, il n’a pas de concurrent !
Mais s’il vous reste de l’argent dormant qui dépasse ce matelas de sécurité, il faut absolument diversifier pour chercher un meilleur rendement. Il y a plusieurs options, plus ou moins risquées :
Les livrets bancaires « boostés » : Les banques rivalisent pour attirer de nouveaux clients en proposant des taux très attractifs, souvent entre 3 % et 4 % bruts, pendant les premiers mois de l’ouverture. Attention, le taux normal chute ensuite souvent très bas, mais c’est une astuce temporaire facile.
L’assurance-vie en fonds euros : Même si le rendement moyen n’est plus ce qu’il était, les fonds euros sécurisés servent en moyenne 2 % à 3 % par an. C’est un placement idéal pour un horizon de moyen terme, car l’argent reste disponible et le cadre fiscal est avantageux après huit ans.
Le compte à terme (CAT) : L’idée est simple : bloquer votre argent pour une durée fixée avec la banque (par exemple 1 an, 2 ans, 3 ans) en échange d’un taux fixe et connu à l’avance, généralement plus intéressant que le Livret A, même si l’argent n’est pas disponible immédiatement.
Le marché boursier ou l’immobilier (plus risqué) : Si vous avez un horizon de placement très long (au moins 8 à 10 ans), et que vous êtes prêt à accepter une part de risque, il faudra envisager des produits plus dynamiques comme l’assurance-vie en unités de compte, le Plan d’Épargne en Actions (PEA), ou encore les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI).
Le Livret A : seulement un bas de laine à la banque
Le taux du Livret A n’est plus un moteur de performance pour notre argent, c’est une certitude. C’est un outil de sécurité, un point c’est tout ! Il ne faut pas s’en débarrasser, mais plutôt en avoir une utilisation très ciblée pour l’urgence et la liquidité. L’heure n’est pas à la panique, mais à la réorganisation stratégique de votre épargne. Il est grand temps d’aller voir ailleurs ce que vous pouvez faire de mieux pour que votre argent travaille vraiment.
Nous aurons le taux définitif et officiel mi-janvier 2026, mais ne comptez pas sur un miracle : préparez-vous dès maintenant !
Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
21 octobre 2025
et mis à jour le
21 octobre 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.