Le changement d’heure d’été fait-il économiser de l’argent ?
Chaque année, l’on avance nos montres d’une heure au printemps et on les recule à l’automne. Mais est-ce que ces deux changements d’heures annuels ont un réel impact sur nos dépenses d’énergie, ou est-ce juste une habitude bien ancrée ? Entre idées reçues et études, voyons ce qu’il en est vraiment.

Le changement d’heure : une idée logique… sur le papier
À la base, l’heure d’été a été instaurée pour faire des économies d’énergie. L’idée est simple : en décalant les horloges, on profite plus longtemps de la lumière naturelle en fin de journée, donc on utilise moins d’électricité pour l’éclairage. Logique, non ? Sauf que la réalité est un peu plus compliquée que ça.
Déjà, les modes de consommation ont changé. Aujourd’hui, l’éclairage représente une bien plus petite part de la facture qu’il y a quelques décennies, avec l’arrivée des ampoules LED et autres dispositifs basse consommation. Et puis, il ne faut pas oublier que si on éclaire moins le soir, on peut aussi consommer plus le matin, notamment en chauffage. Résultat : les gains ne sont pas aussi flagrants qu’on pourrait le croire.
Des économies d’énergie… mais dans quelle mesure ?
Plusieurs études se sont penchées sur la question, avec des résultats plutôt mitigés. Certaines montrent une baisse de la consommation d’électricité, mais elle reste assez faible, souvent inférieure à 1 %. En France, l’Ademe (Agence de la transition écologique) estimait en 2010 que le changement d’heure permettait d’économiser environ 440 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages. Ça semble pas mal, mais comparé à la consommation totale d’électricité du pays, c’est une goutte d’eau.
D’autres études, notamment aux États-Unis, suggèrent même que le changement d’heure pourrait parfois entraîner une surconsommation, en raison d’une utilisation accrue de la climatisation en été et du chauffage le matin. En clair, ce qu’on gagne d’un côté, on le perd souvent de l’autre.
Un impact limité sur le portefeuille
Si l’on parle strictement de budget, l’impact du changement d’heure est assez marginal pour les ménages. Quelques centimes ou euros économisés par an sur l’éclairage, ce n’est pas vraiment ce qui va changer la donne.
En revanche, il y a d’autres effets, moins visibles, mais bien réels. Par exemple, certaines entreprises, notamment dans les transports ou l’informatique, doivent adapter leurs systèmes, ce qui engendre des coûts supplémentaires. Les particuliers, eux, peuvent ressentir une légère hausse des dépenses en carburant, car avec des soirées plus longues, on sort plus, on roule plus, et on consomme davantage.
Un effet psychologique et sociétal
Au-delà des questions d’énergie, l’heure d’été a aussi un effet sur nos rythmes de vie. Beaucoup apprécient les journées qui s’étendent, offrant plus de temps pour les loisirs après le travail. Terrasse, sport, balade… On a l’impression de mieux profiter de la journée, ce qui, mine de rien, a un impact positif sur le moral.
Mais il y a aussi le revers de la médaille : l’adaptation au changement d’heure n’est pas toujours évidente. Certaines personnes, notamment les enfants et les personnes âgées, mettent plusieurs jours à retrouver un rythme normal. On observe même une légère hausse des accidents de la route et des erreurs humaines dans les jours qui suivent le passage à l’heure d’été.
Vers la fin du changement d’heure ?
Depuis plusieurs années, le débat sur la suppression du changement d’heure fait rage. L’Union européenne a même voté en 2019 pour y mettre fin, mais les États membres n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur le maintien permanent de l’heure d’été ou d’hiver. Résultat : on continue à avancer et reculer nos horloges chaque année, en attendant une décision qui tarde à venir.
Si on supprimait ce changement, est-ce que ça bouleverserait nos vies ? Pas tant que ça. Les économies d’énergie sont trop faibles pour peser dans la balance, et la plupart des pays qui ont déjà abandonné le système s’en portent très bien. Au final, ce qui compte surtout, c’est notre capacité à nous adapter, et on sait que, dans ce domaine, on n’est pas à une heure près.
Un changement d’habitude plus qu’un vrai levier d’économie
L’heure d’été a longtemps été défendue pour ses économies d’énergie, mais dans les faits, son impact est assez limité. L’éclairage pèse moins sur la facture qu’avant, et d’autres facteurs viennent contrebalancer les gains supposés. Ce changement reste surtout une habitude, avec ses avantages (journées plus longues, meilleure humeur) et ses inconvénients (troubles du sommeil, adaptation difficile).
Alors, doit-on continuer à avancer et reculer nos horloges ? La question reste ouverte. En attendant, le prochain passage à l’heure d’été aura lieu dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars 2025, à 2 heures du matin. Il faudra ajouter 60 minutes à l’heure légale. Il sera alors 3 heures, alors notez-le bien… ou laissez votre smartphone s’en charger pour vous !

Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
6 mars 2025
et mis à jour le
6 mars 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.