Impôt, retraites, santé : les 5 mesures chocs du budget 2026 qui vont frapper votre pouvoir d’achat
Le gouvernement de Sébastien Lecornu a dévoilé son projet de loi de finances pour 2026, marqué par un objectif ambitieux de 30 milliards d’euros d’économies pour résorber la dette publique. Mais derrière cette nécessité budgétaire se cache une réalité moins reluisante pour les ménages : la généralisation de l’« année blanche », gelant revalorisations et avantages fiscaux. Du gel des barèmes fiscaux au doublement des franchises médicales, voici le détail des mesures qui vont directement grignoter votre pouvoir d’achat l’an prochain.

Ce qu'il faut retenir :
- Hausse fiscale déguisée : Le gel du barème de l’impôt sur le revenu (IR) et de la CSG est une hausse d’impôt silencieuse. Environ 200 000 foyers non imposables le deviendraient, tandis que les autres verraient leur imposition augmenter sans hausse réelle de leur pouvoir d’achat.
- Double coup dur pour la retraite : Les retraités subissent un double effort avec le gel total des pensions de base en 2026, et la modification de l’abattement fiscal de 10 % par un forfait de 2 000 euros, pénalisant surtout les pensions moyennes et supérieures.
- Santé : le reste à charge explose : Le doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires (plafond annuel de 50 € à 100 €) augmente significativement le coût des soins quotidiens, impactant lourdement les malades chroniques et les familles.
- Menace sur les aides sociales : L’« année blanche » affecte les prestations sociales (allocations familiales, APL, RSA), qui ne sont pas revalorisées sur l’inflation. Cette érosion réelle de l’aide touche directement les ménages aux revenus les plus modestes.
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ToggleBudget 2026 : l’année des sacrifices pour votre portefeuille
On le sait, l’État doit faire des économies, et vite, pour juguler une dette publique un peu trop coquette. Mais, ce projet de loi de finances pour 2026, concocté par le gouvernement de Sébastien Lecornu et présenté mi-octobre, marque un tournant brutal : fini les petits gestes pour le pouvoir d’achat, place à l’« année blanche » généralisée. L’objectif est clair, trouver 30 milliards d’euros, mais cette chasse aux économies, y compris 23 milliards sur la Sécurité sociale, va directement impacter nos finances personnelles.
Le gouvernement mise sur une inflation modérée (1,3 % attendue en 2026), mais ne pas revaloriser les aides et les impôts, c’est mécaniquement faire baisser votre pouvoir d’achat réel. C’est un effort collectif nous dit-on, mais quand on regarde les détails, on comprend vite que ce sont surtout les classes moyennes et les retraités qui vont trinquer. Décryptage, mesure par mesure, de ce qui va vraiment changer dans votre quotidien dès l’an prochain.
Il existe aujourd’hui un risque important sur la capacité à assurer la pérennité de notre modèle de protection sociale. Le niveau de déficit atteint par l’ensemble des branches de la Sécurité sociale, hors période de crise sanitaire ou de crise économique majeure, est inédit. Il s’élève à 23 Md€ en 2025 après avoir atteint 15,3 Md€ en 2024.
Il est essentiel, pour préserver notre modèle et permettre aux futures générations de bénéficier d’un niveau de protection sociale suffisant, de trouver les moyens de remettre la Sécurité sociale durablement sur le chemin de l’équilibre, en partageant équitablement l’effort. Le projet de loi de financement vise ainsi à ramener en 2026 ce déficit à 17,4 Md€, avec pour objectif un retour à l’équilibre en 2029.
Budget.gouv.fr
Pourquoi le gel du barème de l’impôt sur le revenu est-il une hausse d’impôt déguisée ?
C’est sans doute la manœuvre fiscale la plus discrète et pourtant, celle qui va ratisser le plus large : le gel du barème de l’impôt sur le revenu (IR). Chaque année, les tranches d’imposition sont habituellement revalorisées en fonction de l’inflation. Ça permet de s’assurer que si votre salaire augmente de 1,3 % (juste pour compenser la hausse des prix), vous ne changiez pas de tranche d’imposition, et que vous ne payiez pas plus d’impôts sur un revenu dont le pouvoir d’achat réel n’a pas bougé.
En gardant le barème figé au niveau de 2025, le gouvernement va générer un rendement de 1,9 milliard d’euros pour l’État. C’est ce qu’on appelle la « hausse d’impôt déguisée » ou l’effet « fiscal drag ». L’impact est double : d’abord, on estime qu’environ 200 000 foyers qui étaient jusqu’ici non imposables vont le devenir. Ensuite, pour ceux qui payent déjà, même avec une petite augmentation de salaire, ils verront une part plus importante de leurs revenus basculer dans une tranche d’imposition supérieure. Si vous êtes célibataire avec 40 000 euros de revenus par exemple, vous continuerez de payer la même chose en valeur nominale (autour de 3 965 euros), mais avec l’inflation, ce montant pèsera plus lourd sur votre budget disponible. C’est un tour de passe-passe qui ne vous fait pas plaisir, mais qui arrange bien les comptes publics.
Quelles allocations sociales vont se retrouver en « année blanche » ?
L’« année blanche » ne s’arrête malheureusement pas à l’impôt. Elle va aussi frapper de plein fouet les prestations sociales, ce qui est une bien mauvaise nouvelle pour les familles. Le principe est le même : pour 2026, les montants des prestations comme les allocations familiales, les aides personnalisées au logement (APL), le revenu de solidarité active (RSA), ou encore l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ne seront pas indexés sur l’inflation (estimée à 1,3 %).
Pour 5 millions de familles, cela signifie une perte de pouvoir d’achat très concrète, car pendant que les prix continuent d’augmenter (même légèrement), le montant qu’elles reçoivent reste le même. Cette non-revalorisation est un effort d’économie de plusieurs milliards d’euros sur les dépenses sociales, mais on peut imaginer la difficulté pour les ménages les plus modestes de boucler les fins de mois avec des aides qui s’érodent. D’ailleurs, si le document fait allusion à un décalage progressif de l’âge de majoration des allocations familiales, cela laisse planer une incertitude sur la modulation future des aides aux enfants les plus âgés (à partir de 14 ans), montrant une volonté de l’État de gratter sur toutes les lignes budgétaires familiales.
Est-ce la fin de la réduction d’impôt pour les frais de scolarité ?
Une autre coupe qui fâche, surtout au moment de la rentrée scolaire : la suppression de la réduction d’impôt pour frais de scolarité. Cette mesure est ciblée sous l’appellation « Lettre pour les parents » dans le texte, sans doute pour adoucir le message. Actuellement, cet avantage fiscal permet de déduire une somme symbolique de vos impôts pour chaque enfant scolarisé : 61 euros au collège, 153 euros au lycée, et 183 euros dans l’enseignement supérieur.
Bien que ces montants ne soient pas astronomiques individuellement, leur suppression touche directement 3 millions de familles. En pleine période de rentrée, où les dépenses pèsent déjà lourd (+3 % d’augmentation en 2025), ce milliard d’euros d’économie pour l’État se traduit par une note qui augmente pour vous, et vient alourdir le coût de l’éducation des enfants. C’est un petit coup de canif, mais quand on cumule les mesures, la facture peut devenir salée pour les parents.
Quel impact aura le doublement des franchises médicales sur vos dépenses de santé ?
Préparons-nous à payer plus cher nos soins. Le projet prévoit le doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires sur les consultations, les transports et les médicaments. Concrètement, la franchise sur chaque boîte de médicament ou chaque acte paramédical passerait de 1 euro à 2 euros. Le plafond annuel, qui correspond au maximum que vous devez payer de votre poche, doublerait lui aussi, passant de 50 euros à 100 euros.
Cet effort, même s’il vise à « responsabiliser » les assurés et à réaliser 500 millions d’euros d’économies pour la Sécurité sociale, va peser lourd. Pour un utilisateur moyen des soins, c’est au moins 50 euros de plus par an. Mais pour les personnes ayant des affections de longue durée (ALD), qui consomment beaucoup de médicaments ou ont des rendez-vous fréquents, l’impact sera beaucoup plus important, pouvant atteindre jusqu’à 100 euros supplémentaires. Les malades chroniques et les familles qui consultent souvent vont donc devoir débourser une somme non négligeable avant d’atteindre le plafond, rendant l’accès aux soins un peu plus coûteux au quotidien.
Pourquoi les retraités sont-ils doublement pénalisés sur leur pension ?
Les retraités se retrouvent, eux aussi, dans une position délicate, victimes d’un double coup de rabot qui va toucher à la fois leur pension et leur imposition. D’abord, l’« Année blanche sur les retraites » signifie que les pensions de retraite de base (qui concernent 17 millions de personnes) ne seront pas augmentées au 1er janvier 2026, malgré l’inflation. Pour un retraité touchant 1 000 euros par mois, cela représente une perte moyenne estimée à 156 euros par an.
Ensuite, le gouvernement s’attaque à un mécanisme fiscal historique : l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions. Cet abattement (plafonné à 4 399 euros par foyer) était censé compenser les frais professionnels disparus. Il serait remplacé par un forfait de 2 000 euros. Cette réforme est présentée comme plus juste car elle avantage les petits retraités (pour qui 2 000 euros représente une part plus importante que les 10 %), mais elle va augmenter l’impôt pour tous les retraités aisés. Un couple de retraités avec des revenus de 50 000 euros, par exemple, pourrait voir son impôt augmenter d’environ 500 euros, car leur avantage fiscal va mécaniquement diminuer. Ces deux mesures combinées représentent une économie colossale de 7 milliards d’euros sur le budget de l’État.
Quelles autres mesures fiscales et sociales risquent de vous impacter ?
Le grand ménage budgétaire ne s’arrête pas aux mesures principales. Plusieurs autres ajustements, plus discrets, vont eux aussi peser sur votre portefeuille.
Sur le plan fiscal, le gel du barème de la CSG (Contribution Sociale Généralisée) est dans la même veine que le gel de l’IR : sans revalorisation, il rapportera 300 millions d’euros supplémentaires à l’État, en touchant les salaires, les pensions, et même les allocations chômage. L’État continue aussi à serrer la vis en supprimant 23 niches fiscales jugées « obsolètes », et surtout en s’attaquant à une mesure qui pourrait avoir un impact lourd pour les plus fragiles : la fiscalisation des indemnités journalières pour les Affections de Longue Durée (ALD). Jusque-là exonérées d’impôt, ces indemnités pour arrêt maladie long vont devenir imposables, réduisant de facto le revenu disponible des malades chroniques.
Côté dépenses, attention aux automobilistes, l’avantage fiscal sur le carburant E85 (éthanol) devrait être réduit, ce qui augmentera le coût à la pompe pour ceux qui l’utilisent. Il y a aussi cette nouvelle contribution patronale de 8 % sur les titres-restaurants et chèques-vacances qui, si elle n’est pas répercutée directement sur votre salaire, pourrait freiner l’augmentation de ces avantages par les entreprises.
Enfin, deux nouvelles taxes vont impacter votre consommation : une taxe sur les petits colis importés de l’étranger (notamment d’Asie), qui va augmenter le prix de vos achats en ligne et la fiscalisation des produits de vapotage, ce qui annonce une hausse des prix pour les alternatives au tabac traditionnel. Ces mesures, additionnées aux gels, dessinent un tableau où le coût de la vie augmente sous l’effet conjugué des prix et de la pression fiscale. L’effort est « ambitieux », selon le Haut Conseil des finances publiques, mais il est clair que ce sont les citoyens moyens et les ménages modestes qui portent une large part du fardeau pour réduire la dette publique.
Retraites : la mise en pause d’une réforme explosive
Un des points majeurs du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026, bien que technique, est la décision de mettre en suspens ou de geler les changements de la réforme des retraites adoptée précédemment. Il semble que le gouvernement ait choisi de suspendre l’application de certaines dispositions clés, notamment le recul de l’âge légal de départ ou l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation, jusqu’en 2027.
Cette « suspension » est avant tout un geste politique. Elle permet au gouvernement de Sébastien Lecornu de calmer le jeu social et de concentrer l’attention sur les économies immédiates (comme le gel des pensions et la modification de l’abattement fiscal que nous avons détaillé) sans rouvrir le front d’une réforme des retraites déjà très impopulaire. Concrètement, pour les actifs, cela signifie que les règles de départ à la retraite, telles qu’elles ont été appliquées en 2025, ne seront pas modifiées en 2026, offrant un répit.
Ce gel permet d’éviter un débat explosif au Parlement et dans la rue, mais reporte la question cruciale de la pérennité du système à l’après-2027, laissant planer une incertitude sur les générations futures. C’est une stratégie de court terme pour assurer la stabilité politique nécessaire à l’adoption du budget, quitte à laisser une « bombe à retardement » sur le dossier des retraites pour le prochain quinquennat.
L’obstacle parlementaire : un budget à l’épreuve de la majorité relative
Ces mesures chocs, aussi nécessaires soient-elles pour les finances publiques, sont loin d’être gravées dans le marbre. Le gouvernement de Sébastien Lecornu, qui ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, s’avance sur un terrain parlementaire très miné. L’examen des textes, y compris ce Projet de Loi de Finances (PLF) et le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026, est attendu avec une tension maximale à partir de la fin octobre.
D’une part, l’Assemblée est divisée, ce qui pourrait forcer l’exécutif à recourir, comme c’est l’usage dans ce genre de configuration, à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte sans vote, même si Sébastien Lecornu a assuré ne pas vouloir s’en servir. D’autre part, le Sénat, à majorité de droite et traditionnellement plus conservateur sur les questions de dépenses sociales et d’impôts, sera particulièrement critique. Les sénateurs, très attachés à l’équilibre territorial et souvent méfiants vis-à-vis des hausses d’impôts indirectes, pourraient rejeter en bloc certaines dispositions.
Le plus grand risque plane sur le PLFSS 2026, celui qui contient notamment le doublement des franchises médicales et les économies sur les ALD. Il est fort probable que les sénateurs, soucieux de la santé des Français et des caisses sociales, fassent obstacle à un texte qu’ils jugent trop déséquilibré au détriment des patients, menaçant ainsi l’intégralité du plan d’économies sur la Sécurité sociale. En somme, ces coupes budgétaires, même si elles sont le fruit d’un compromis douloureux, doivent encore survivre aux joutes politiques, et leur version finale pourrait bien être différente de celle qui nous est présentée aujourd’hui.
(L’illustration de notre article provient de Stevepb sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger.)

Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
20 octobre 2025
et mis à jour le
20 octobre 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.