Carburants : vers une baisse des prix qui pourrait bien durer ?
Bonne nouvelle pour les automobilistes et surtout le budget des ménages : les prix des carburants sont en train de baisser et cette tendance pourrait bien se prolonger dans le temps. Derrière cette accalmie à la pompe, un phénomène global se dessine : la surproduction de pétrole. Mais peut-on vraiment compter sur une baisse durable entre décisions des pays producteurs, tensions géopolitiques et économie mondiale ? Décryptage.

Une offre de pétrole trop abondante
Le marché pétrolier fonctionne comme n’importe quel autre : quand l’offre dépasse la demande, les prix chutent. Actuellement, la production mondiale de brut grimpe plus vite que la consommation. C’est le cas notamment aux États-Unis, au Brésil, au Canada et même au Guyana, qui extraient de plus en plus de barils chaque jour. Résultat : une abondance qui pèse sur les cours du pétrole et, par ricochet, sur les prix des carburants.
Mais ce n’est pas tout. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit un surplus de production de l’ordre de 1,2 million de barils par jour cette année. De quoi maintenir le baril de Brent entre 60 et 75 dollars, loin des sommets atteints ces dernières années. Cette tendance est aussi alimentée par un ralentissement de la demande, notamment en Chine, où la transition vers les voitures électriques et le ralentissement économique freinent la consommation d’or noir.
L’OPEP+ pourrait-elle inverser la tendance ?
Face à cette surabondance, l’OPEP et ses alliés ont un levier : réduire leur production pour faire remonter les prix. C’est une stratégie qu’ils ont déjà utilisée par le passé. Actuellement, ils maintiennent une coupe d’environ 5,86 millions de barils par jour, avec une partie de ces restrictions prévue jusqu’à la fin de l’année.
Mais pour l’instant, l’impact reste limité. Certains pays, soucieux de remplir leurs caisses, n’hésitent pas à contourner ces quotas ou à produire au maximum de leurs capacités. De plus, les États-Unis, qui ne font pas partie de l’OPEP+, continuent d’augmenter leur production. Si Donald Trump revenait au pouvoir, il a d’ailleurs promis de relancer les forages, ce qui pourrait renforcer cette pression baissière sur les prix du pétrole.
Des tensions géopolitiques qui pourraient tout changer
Si le marché suivait uniquement les règles de l’offre et de la demande, la baisse des prix pourrait sembler acquise. Mais le pétrole est aussi un secteur où les événements géopolitiques jouent un rôle majeur.
Un conflit au Moyen-Orient, une attaque sur des infrastructures pétrolières ou des tensions autour du détroit d’Ormuz – où transite une grande partie du pétrole mondial – pourraient provoquer une flambée soudaine des cours. Dans ces scénarios, certains experts estiment que le baril pourrait temporairement grimper à 90, voire 100 dollars. Pour l’instant, ce n’est pas la tendance dominante, mais l’histoire récente a prouvé que les surprises ne sont jamais loin sur le marché pétrolier.
Un impact limité à la pompe ?
Même si le prix du brut diminue, la répercussion sur les prix des carburants est rarement immédiate et jamais totale. En France, une grande partie du prix payé à la pompe est constituée de taxes. La TICPE, qui représente environ 60 % du prix du litre, est fixe et ne bouge pas en fonction du cours du pétrole.
Concrètement, si le baril tombe à 60 dollars, le litre de carburant pourrait baisser d’une dizaine à une vingtaine de centimes. Une bonne nouvelle, certes, mais loin de retrouver les niveaux d’avant la crise ukrainienne, où le litre de diesel et de SP95 tournait autour de 1,50 € à 1,60 €.
Pourquoi les prix ne suivent pas toujours le pétrole brut ?
Les automobilistes le constatent régulièrement, quand le prix du baril monte, les prix à la pompe grimpent tout aussi vite. En revanche, quand il baisse, la descente est bien plus lente. Une différence qui s’explique par plusieurs facteurs.
D’abord, il y a les coûts de raffinage et de distribution, qui représentent environ 10 à 20 % du prix à la pompe. Ensuite, il y a les marges des distributeurs, qui varient en fonction des périodes. Ajoutez à cela le taux de change euro/dollar : puisque le pétrole est coté en dollars, un euro faible augmente le coût du brut importé.
Enfin, il y a une question de spéculation et d’anticipation sur les marchés. Les traders et compagnies pétrolières ajustent leurs prix en fonction des prévisions. Si une pénurie est redoutée, les prix grimpent en amont. Inversement, en cas de surproduction, les baisses sont souvent plus progressives.
Un budget des ménages qui devrait respirer un peu
Si la tendance actuelle se confirme, les automobilistes pourraient voir leur facture carburant allégée de quelques dizaines d’euros par mois. Pour une famille qui consomme en moyenne 50 à 100 litres de carburant par semaine, une baisse de 10 à 20 centimes par litre représenterait une économie mensuelle de 20 à 80 euros. Ce n’est pas négligeable, surtout dans un contexte de tensions sur le pouvoir d’achat.
Au-delà des carburants, la baisse du prix du pétrole pourrait aussi avoir des répercussions positives sur d’autres postes de dépenses, comme le chauffage au fioul ou certains produits manufacturés dont le coût de transport dépend du prix de l’énergie. Certes, cette accalmie reste fragile, mais tant que l’offre de pétrole reste abondante et que la demande ne repart pas à la hausse, les ménages devraient pouvoir souffler un peu. Alors, autant en profiter, car avec le pétrole, une inversion de tendance n’est jamais bien loin.
Vers une accalmie durable ?
Alors, cette baisse des prix va-t-elle vraiment durer ? Tout dépendra des mois à venir. Si l’offre continue d’être aussi abondante et que l’OPEP+ ne parvient pas à imposer de réduction efficace, les automobilistes pourraient profiter d’un répit durable.
Mais les incertitudes restent nombreuses : la situation géopolitique, les décisions des grandes puissances pétrolières et l’évolution de la demande mondiale sont autant de facteurs qui peuvent rapidement modifier la donne. En attendant, ceux qui remplissent leur réservoir peuvent savourer cette petite baisse, en espérant qu’elle ne soit pas de courte durée.

Auteur :
Thierry Chabot
Article publié le
13 mars 2025
et mis à jour le
13 mars 2025
Passionné par l'univers de la finance, j'accompagne les particuliers dans leurs choix et décisions pour optimiser leur budget et ainsi faire des économies.